finis44

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/09/2009

HISTOIRE

Pour les hommes politiques russes et polonais, l'Histoire ne sera pas l'apanage seul des historiens

Lors de sa visite en Pologne, laquelle a tenu en haleine toute l'Europe, Vladimir Poutine a de nouveau réjoui l'opinion publique par une des propres  métaphores. Le premier ministre russe a comparé l'histoire au "vieux pain moisi" d'où certains cherchent à "extraire pour eux les raisins secs en laissant toute la moisissure à une seule des parties". Dans un style imagé qui lui est propre, le chef du gouvernement russe a formulé le principe de l'attitude envers l'histoire, principe qui concerne  l'ensemble du monde postcommuniste, de Gdansk à Kouchka et de Tirana à Vladivostok. Il consiste en ce que la mémoire historique est un instrument inaliénable de la politique contemporaine. Chaque peuple a sa propre interprétation des événements historiques. Et tous sont occupés à se construire une nouvelle identité en s'appuyant sur l'élément très important qu'est l'interprétation du passé.

Les sujets historiques qui, de l'Oder a l'Ouest, deviennent rarement objets  de discussion au niveau politique le plus élevé, se transforment sans cesse, dans l'espace postcommuniste, en sources d'âpres controverses interétatiques. Le désir d'"extraire les raisins secs", c'est-à-dire de ne monter en épingle que ce qui est avantageux du point de vue politique au moment donné, est une tendance dangereuse. L'indulgence manifestée par les grands pays européens envers les exercices historiques des Etats qui ont secoué le joug à la charnière des années 80 et 90 du siècle dernier est lourde de graves conséquences. En reconsidérant les événements ayant trait à la Seconde Guerre mondiale, il est difficile de s'arrêter. Toutes les décisions cruelles et cyniques adoptées à cette époque-là avaient leurs bénéficiaires et, parmi eux, pas seulement les régimes totalitaires. La tentative de mettre les points sur les "i" mène loin. Par exemple, s'il n'y avait pas eu de pacte soviéto-allemand, un Etat comme la Moldavie n'aurait pas existé et certains  auraient reçu d'autres configurations.

Il est impossible de se débarrasser du "vieux pain" et de laisser l'histoire aux historiens, ce dont ont convenu hier, une nouvelle fois, Vladimir Poutine et Donald Tusk. A l'étape actuelle de développement des anciens pays communistes, on ne peut fonder l'espoir que sur le pragmatisme des hommes politiques et leur compréhension des limites admissibles, ainsi que sur l'étude de l'expérience exceptionnelle qui a aidé jadis l'Europe occidentale à rompre le cercle vicieux des décisions qui conduisaient toujours à la multiplication de conflits sanglants.

Auteur: Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue "Rossia v globalnoï politike" (La Russie dans la politique globale).

22:27 Écrit par xavier de couesbouc | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.